Les tranchées du Schratz

Posté le 13/08/2022  

La ligne de front Bärenstall, Schratzmaennele et Le Linge a fait l’objet d’âpres combats pendant la Grande Guerre. Depuis près de 10 ans, deux réservistes de l’armée allemande viennent pour aider l’équipe d’entretien des tranchées. Les habitués de la ferme auberge du Glasborn connaissent le chemin qui mène au Linge en passant par le Schratzmaennele. Ce sommet culminant à 1 045 m doit son nom à un petit lutin solitaire. Celui-ci jouait des tours aux marcaires lors de leur séjour sur les chaumes. Il venait s’asseoir sur la poitrine des gens endormis afin de les gêner pendant leur sommeil et de leur provoquer des cauchemars.

On raconte que pendant les batailles qui sévirent sur sa colline et quand la paix fut revenue le Schratzmaennele passa de longues nuits à pleurer et à gémir parmi les trous d’obus et les tranchées. Il ne reconnaissait plus son pays, sa forêt et ses hauts pâturages. La folie des hommes avait dépassé ses propres maléfices.

Il est vrai que cette ligne de front Bärenstall, Schratzmaennele et Le Linge, a été le théâtre de sanglants combats. La colline du « Schratz » fut prise et reprise maintes fois aux Bavarois par les chasseurs à pied et alpins au prix fort et finalement inutile car en 1915 les gaz et les lance-flammes ont eu raison de ces derniers. 17 000 Français et Allemands souvent très jeunes sont tombés pour leur patrie respective.

Découvertes de matériels militaires, mais aussi des ossements humains

« Voilà près de dix ans que Franz Fritsch et Heinrich Gerber, habitant Munich et Murnau am Staffelsee, tous deux réservistes de l’armée allemande, ont répondu à la proposition du représentant français en Bavière du Souvenir français pour aider l’équipe d’entretien des fortifications et tranchées du Linge » précise Dominique Muller, président de l’association du Musée-Mémorial du Linge.

C’est quatre fois par an et pour une durée d’une semaine que les deux hommes participent à ces travaux d’entretien.


Depuis peu, ils s’attaquent à déblayer les tranchées du Schratzmaennele ce qui pour Franz est une remontée dans le temps. En effet, le grand-père de sa femme était dans un de ces « boyaux » en 1915. Les 1er et 2e régiments de Landwehr bavarois ont installé leur PC dans les anciennes carrières et ont développé un réseau impressionnant de tranchées. Les opérations de déblaiement de ces fortifications donnent lieu à des découvertes de matériels militaires, mais aussi des ossements humains.

Franz et Heinrich reviendront bientôt avec, du moins ils y comptent bien, des « chasseurs alpins allemands » du Gebirgsjägerbataillon 233 de Mittenwald.